R+17 étages en bois
Au nord de l’Amérique, l’Université de Colombie Britannique se distingue avec plusieurs bâtiments bois et repousse les limites avec son projet Brock Commons. Il s’agit d’une résidence étudiante de 18 niveaux, baptisée Brock Commons Tallwood House, qui hébergera à terme un peu plus de 400 étudiants dans 272 studios et 33 chambres de 4, et proposera en complément des espaces de vie communs, dont un lounge au rez-de-chaussée, ainsi que des salles d’étude.
La structure est basée sur un système constructif hybride.
La structure de Brock Commons est conçue sur un schéma répétitif : des poteaux en bois lamellé-collé reprennent les charges verticales, les dalles en bois lamellé-croisé CLT de 2,85x4?m font office de diaphragme, des connecteurs métalliques assurent les liaisons, le tout contreventé par deux noyaux en béton, hébergeant les accès, et posé sur un socle et un rez-de-chaussée aussi en béton. À terme, la plupart des poteaux seront noyés dans des cloisons de séparation. Aussi, à des fins de démonstration, ils seront laissés nus et accessibles au 18ème étage dans un des espaces communs destinés aux étudiants. La façade est constituée de panneaux à ossature métallique de 4 à 8?m et de la hauteur d’un étage, livrés finis sur chantier, menuiseries incluses et revêtement extérieur en panneau de fibre de bois et résine à couleurs alternées. Au rez-de-chaussée, un auvent en CLT court le long des 58m de la façade tandis que des parois vitrées, bleu translucide, entourent une partie de la base. Au total, 120 jours étaient prévus pour le montage de la structure : il en a fallu moins de 70 !
La sécurité a été au coeur de l’approbation du projet.
Pour faciliter le processus de validation en matière de sécurité incendie, il a été décidé d’utiliser des méthodes de protection qui font de Brock Commons un bâtiment plus sûr que des équivalents à structure béton ou métallique. Comme sa hauteur dépasse significativement les 6 étages autorisés par le code de la construction bois canadien, le projet a nécessité l’équivalent d’une Atex et un certain nombre de concessions. Par exemple, alors que le rez-de-chaussée ainsi que les noyaux hébergeant les ascenseurs et les escaliers auraient pu être fait en bois, ils ont été proposés en béton, une solution classique et reconnue, afin de simplifier la validation, notamment en matière de sécurité incendie. De la même manière, la structure en bois massif et les connecteurs sont encapsulés dans plusieurs couches de panneaux de plâtre afin d’assurer une grande résistance au feu. Enfin, la trame répétitive des studios et des séparations facilite le cloisonnement et le cantonnement d’un éventuel incendie mais la norme d’une heure a été portée à deux heures par les concepteurs du projet, ceci toujours afin de s’assurer les bonnes grâces des bureaux de contrôle. Bien sûr, les équipement classiques de lutte contre les incendies sont présents, tels les extincteurs automatiques mais ils sont alimentés par des réserves deau, propres au bâtiment, afin de rester fonctionnels, même en cas de tremblement de terre. D’ailleurs, la robuste structure de Brock Commons est la première de la province à remplir et même dépasser les exigences des nouvelles règles sismiques canadiennes adoptées en 2015. Selon ses promoteurs, le projet devrait d’ailleurs permettre de faire évoluer le regard porté sur les immeubles bois et de promouvoir leur développement.
Des objectifs ambitieux et une équipe à la hauteur.?
L’Université de Colombie Britannique n’en est pas à son coup d’essai : elle dispose déjà de plusieurs bâtiments bois sur son campus comme l’AMS Student Nest, l’Engineering Student Centre, le Centre for Interactive Research on Sustainability, le Bioenergy Research and Demonstration Facility, et le Earth Sciences Building. L’objectif cette fois est d’atteindre la certification LEED Gold, le système d’évaluation de référence en Amérique du Nord en ce qui concerne la haute qualité environnementale d’un projet incluant l’efficacité énergétique, la consommation d’eau et le chauffage. En termes de sécurité, on l’a vu, Brock Commons dépasse déjà les exigences de protection contre les incendies et contre les séismes. Pour réussir ce tour de force, une large équipe a été réunie. Le projet est réalisé par le cabinet Acton Ostry Architects de Vancouver qui s’est adjoint l’expérience du cabinet autrichien Architekten Hermann Kaufmann en tant que conseiller en grande structure bois et celle d’un cabinet local d’ingénierie structure, Fast+Epp. Il n’en fallait pas moins car Brock Commons est un des premiers bâtiments mixtes au monde à dépasser les 14 étages avec 17 étages en bois autour de deux cœurs en béton. «Ce bâtiment remarquable est un exemple de l’ingéniosité et de l’innovation canadiennes, une démonstration de la capacité de l’industrie bois du pays à saisir les opportunités technologiques, ouvrant la porte à un monde de possibilités» a déclaré Jim Carr, ministre de l’agriculture.
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